Grrrgh!!! Il l’a encore fait!
Vous trouvez peut-être adorables les petites manies de votre bien-aimé, mais quand il s’agit des comportements irritants de vos collègues, certains vous rendent tout simplement dingue!
Des lectrices et lecteurs m’ont écrit pour savoir quelle est la meilleure façon de gérer les sons et même les odeurs dérangeantes qui proviennent de leurs collègues. Non seulement ces habitudes énervent, elles ont aussi une incidence sur la concentration, la performance et, ultimement, la productivité, sans compter sur l’esprit d’équipe.
Quel que soit l’irritant, voici un processus pour vous aider à gérer ces inconvénients en milieu de travail.
1) Déterminez si c’est un comportement occasionnel ou régulier
Si cela se produit sporadiquement, mettez vos écouteurs, prenez une pause, ou allez faire une marche pour vous réénergiser et focaliser votre esprit.
S’il s’agit de comportements fréquents, notez l’impact sur votre travail:
une odeur vous donne la nausée et vous empêche de travailler;
un tapotement rythmique des doigts sur le bureau voisin ou de la « petite patte » vous donne mal à la tête;
le commérage constant vous fait perdre confiance dans l’équipe;
des conversations répétées à l’extérieur de votre cubicule vous empêchent de vous concentrer sur vos tâches et ainsi de respecter vos délais;
ne pas avoir fait le ménage après son passage dans la cuisine vous fait sentir qu’on vous manque de respect et diminue votre association avec l’équipe.
2) Observez s’il s’agit d’un comportement qui peut être changé ou d’une contrainte chronique
Cliquer son stylo, éclater des bulles de gomme à mâcher, faire rebondir une balle pour se détendre ou mâcher des aliments croquants à pleines dents sont des habitudes irritantes qui peuvent être corrigées grâce à la conversation courtoise de la part d’un collègue de confiance.
Des comportements tels que s’éclaircir la gorge ou tousser souvent peuvent être liés à un problème médical. Ces irritants peuvent être difficile à améliorer, même si un collègue attentionné demande de cesser. Maladroitement discuté, ça peut être embarrassant, aliénant et même créer de l’anxiété, qui pourrait même augmenter la fréquence de l’inconvénient.
3) Choisissez une méthode et un messager
Les notes anonymes ne sont jamais la solution. Elles créent de la paranoïa. La personne se sent visée, aliénée et non bienvenue dans l’équipe. Soyez empathique. Inversez les rôles. Imaginez-vous être celui ou celle qui arrive à son bureau et voit cette petite note jaune collée sur votre bureau. Puis la lit …
À titre d’ancienne directrice des ressources humaines, je vous l’assure: la plupart des employés ne se rendent même pas compte qu’ils dérangent. Lorsqu’un(e) employé(e) découvre que son odeur, un comportement ou un tic, fait l’objet de discussions derrière son dos, cette personne est embarrassée. La honte s’en suit.
L’envoi d’un courriel peut être perçu comme passif-agressif. Il crée aussi un malaise dans la suite de vos interactions avec ce membre de l’équipe. De plus, un courriel ou même un mémo peut rapidement devenir viral. N’envoyez pas de note virtuelle ou papier.
4) Décidez si vous êtes ami ou ennemi
Si vous n’êtes pas en bons termes avec ce collègue, n’ayez pas la conversation vous-même: cela pourrait être perçu comme une confrontation ou même de l’intimidation.
Demandez l’aide d’un collègue bienveillant à son égard, adressez-vous à votre supérieur ou au service des ressources humaines.
5) Conversez ou faites une plainte en ayant l’entreprise en tête
Si vous révélez ce qui vous incommode à votre supérieur ou au service des ressources humaines, concentrez-vous sur le problème et non la personne. Soyez objectif et factuel.
- Ne portez pas de jugements moraux.
- Documentez.
- Présentez la situation à partir de vos notes. Cela montrera le sérieux de votre préoccupation.
- Soyez prêt à dire pourquoi vous ne faites pas vous-même face à la situation.
Si vous êtes proche de la personne, préparez-vous avec empathie et présentez en privé:
- Faites-le idéalement en tête-à-tête, pas pendant le flot du boulot, mais plutôt pendant une pause ou l’heure du lunch.
- Soyez discret. Ne discutez pas de cette contrariété avec d’autres collègues.
- Ne pointez pas du doigt cet irritant dans le feu de l’action, alors qu’il se produit.
- Ayez l’intention de trouver une solution.
- Soyez conscient de votre ton, il devrait être bienveillant et non menaçant.
- Commencez la conversation en déclarant que ce que vous avez à dire est difficile. Ajoutez que si les rôles étaient inversés, vous voudriez le savoir.
- Mentionnez les implications liées aux affaires, comme l’arrêt de la tâche, la productivité, la concentration ou la perception du client, etc.
- Ne pointez pas du doigt. Blâmez-vous et votre sensibilité. Si vous êtes à l’aise avec un humour qui vous déprécie, moquez-vous de vous-même.
- Observez et écoutez la personne. Si elle est réceptive, remerciez-la de sa compréhension. Si la personne déclare qu’elle ne peut pas s’arrêter, remerciez-la de sa confiance. Selon votre relation, proposez d’explorer des solutions ensemble.
- Permettez à la personne de conserver sa dignité. Continuez d’interagir comme vous le faisiez avant d’avoir eu cette conversation.
Si c’est votre patron qui a une habitude qui vous empêche de combler vos responsabilités:
N’ayez cette conversation que si vous êtes certain qu’elle sera bien reçue. Dans le doute, adressez-vous au service des ressources humaines et expliquez-leur comment vous êtes incommodé par ces dérangements ou suivez la politique de communication de votre organisation.
Si le comportement est généralisé au sein de l’équipe:
Des retards réguliers pour les réunions, ne pas nettoyer dans la cuisine, ne pas remplacer ou rendre les fournitures empruntées, suggérez une réunion de groupe pour établir des directives ou un code de conduite.
Pour savoir quoi faire et dire d’un collègue qui interrompt, est en retard ou prend le crédit pour votre travail, lisez cet article.
Avant de vous adresser à la personne ou de vous plaindre, évaluez votre propre comportement.
Voici ce que mon sondage auprès des participants à mes ateliers et sur ma page Facebook, indique au sujet des pires perturbations vécues en milieu de travail:
• parler d’un cubicule à l’autre,
• bavarder dans le couloir,
• poser plusieurs questions sur ce qui a déjà été expliqué,
• laisser des tasses et de la vaisselle sales trainer sur le bureau,
• ne pas nettoyer après son passage dans la cuisine,
• mastiquer des aliments croquants avec la bouche ouverte,
• rabaisser les autres,
• faire semblant de travailler,
• soupirer constamment d’exaspération et d’épuisement,
• réchauffer des aliments aux odeurs prononcées,
• porter trop de parfum.
Si vous venez de mentalement cocher deux ou trois de ces irritants, corrigez votre comportement avant de faire des reproches aux autres.
Finalement, la discrimination, l’intimidation, le mensonge ou le vol nécessitent une attention immédiate. Ces actions ou commentaires, contraires à l’éthique et parfois illégaux, vous concernent, mais aussi l’entreprise pour laquelle vous travaillez. Ces contrariétés nécessitent une action immédiate. Détaillez ce que vous avez observé ou entendu et présentez-les objectivement, avec précision.
Vous vivez une situation délicate? Ce blogue est à votre service, écrivez-moi julie@julieblaiscomeau.com. Votre situation pourrait éclairer d’autres lecteurs.
Publié 30 janvier, 2019 HuffPost Québec (c) Julie Blais Comeau