COMMENT PARLER POLITIQUE

Tout le monde le sait. On ne devrait jamais parler de politique ici! On est quand même pas sur le plateau de « Tout le monde en parle »!

Tous les conseils que vous avez lus sur l’art de la conversation sont clairs; on ne jase pas de politique en public et surtout pas au bureau.

Mais, pendant que vous lisez ce billet, au bout du corridor, dans une aire de repos quelque part, ou en choisissant son muffin avant le début de la réunion, il y en a « un » qui lui n’a pas peur de se dévoiler; il parle de politique. Il commente, sans réserve, la campagne électorale, la crise des migrants, le déversement d’eaux usées dans le Saint-Laurent, ou même son conseiller municipal et sa position sur le compostage. Cet insoucieux a un point de vue politique sur tout. Et à l’occasion, il vous donne un petit coup de coude pour que vous étaliez votre jeu.

Ne le sait-il pas? Parler politique est tabou!

Du moins, il en était ainsi, avant que vous lisiez ce billet.

Lorsque j’ai commencé à donner des ateliers sur l’étiquette des affaires, j’ai « étiqueté » la politique avec la religion, l’argent et la sexualité comme un sujet de conversation inapproprié.

Depuis, sachant qu’il est pratiquement impossible d’échapper à ces propos, surtout en période électorale, je l’ai rebaptisé glissante.

Ainsi, avant d’ouvrir votre bouche, visualisez un panneau jaune avec la mention : pente glissante devant. Soyez averti et stratégique.

Je vous propose six conseils pour vous aider à patiner politique avec tact et diplomatie, sans arbitre et sans être dirigé vers le banc de punition par vos pairs.

1. Ne présumez pas des convictions politiques de l’autre.

Juste parce que quelqu’un ressemble, parle et agit comme un rouge, bleu, orange, vert ou…, ne garantit pas qu’il supporte ce parti. N’assumez jamais des affiliations politiques des autres. De toute façon, ça ne vous concerne pas. Le vote de l’autre est son choix. C’est privé.

2. Faites comme les analystes : citez des faits et présentez des chiffres.

Il est possible de parler politique sans afficher sa couleur. Parlez des statistiques, des sondages, donnez des nombres, mentionnez des experts, comme la synergologue Annnabelle Boyer, qui a analysé le langage non-verbal des candidats. Donnez l’explication d’un processus ou parlez de la couverture médiatique. Exposez ces faits tout en gardant un point de vue général.

3. Modérez vos propos ou restez neutre.

Les discussions bouillonnent lorsque les interlocuteurs insistent à faire valoir, voire imposer leur point de vue. Et puisque nous sommes tous différents, ça risque d’arriver souvent. Quand leurs croyances et valeurs sont remises en question, les gens deviennent défensifs.

Gardez-vous une petite gêne. Non seulement avec vos mots, mais aussi avec votre langage corporel et le ton de votre voix. Pas de roulement des yeux, de soupir ou de remarque sarcastique. Votre réputation professionnelle pourrait être affectée.

4. Si vous ne connaissez pas la situation, ne faites pas semblant. Informez-vous.

« Je n’ai pas entendu parler de cette nouvelle. Qu’en est-il au juste? »

5. Préparez des phrases clés pour apaiser ou quitter.

Lorsque vous vous sentez insulté ou vexé, que votre température augmente avec la rapidité de vos battements de cœur; ne vous prononcez pas tout de suite. Respirez. Écoutez. Roulez vos orteils pour vous remettre dans le moment et non dans votre tête. (Vraiment? Oui, ce truc fonctionne pour vous « grounder ». Faites l’essai.) Pensez aux conséquences à long terme d’expulser vos propos. Utilisez une des tactiques suivantes.

• Mettez-vous d’accord, d’être en désaccord.

« Nous sommes tous les deux tout aussi passionnés de nos candidats. Parce que je vous estime et notre relation, mettons-nous d’accord d’être en désaccord. »

• Faites la paix avec vos différences.

« Humm nos points de vue sont vraiment opposés. Ça risque d’être une pente glissante. Il vaut mieux que je m’abstienne sur ce sujet. Aucun commentaire pour moi. »

• Posez des questions.

« Humm, je n’y avais jamais pensé de cette façon. Intéressant, c’est un point de vue différent. Racontez-moi un peu. »

• Utilisez l’humour au sein d’un groupe enflammé.

« Oh la la, je n’ai pas apporté mon bouclier. Je ne pensais être en mode débat aujourd’hui. Je vous donc laisse le soin de poursuivre sans moi. »

• Après avoir énoncé une des phrases ci-haut mentionnées, il est aussi approprié d’enchainer en changeant de sujet avec ces classiques.

« Wow! Quelle début de saison de saison pour les Canadiens! » « Que faites-vous ce weekend? »

• Quittez gracieusement.

« Je n’en sais pas assez sur le sujet pour commenter. Je ferais mieux de retourner au travail. »

6. Ne le prenez pas personnellement, prenez-le professionnellement.

Soyez ouvert aux points de vue des autres. Les opinions politiques ne sont pas une question de bien et de mal.

Même si à titre de citoyen, vous avez droit à la liberté d’expression, rappelez-vous que votre lieu de travail n’est pas une tribune publique. À titre d’employé, ce que vous dites et faites, pourrait vous voir discipliné ou congédié.

De plus dans notre ère de communication numérique, énoncer vos convictions politiques dans sur vos médias sociaux, pourrait aussi avoir des répercussions sur votre statut d’employé.

Pensez-y bien. Parlez politique avec prudence et conscience.

Vous vivez une situation délicate? Ce blogue est à votre service, écrivez-moi julie@julieblaiscomeau.com. Votre situation pourrait éclairer d’autres lecteurs.

Publié 15 octobre, 2015 lesaffaires.com (c) Julie Blais Comeau

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