Vous avez été choqué par la mort de George Floyd. La scène de cet américain noir suppliant le policier qui avait son genou sur son cou « Je ne peux pas respirer » vous hante.
Vous ne tolérez pas la discrimination. Vous souhaitez la justice. Vous êtes pacifiste. Vous savez que le silence n’est pas la solution.
Le silence face à la discrimination est plus contagieux que la COVID-19. Le silence face à la discrimination creuse de profondes racines et a des répercussions qui sans un seul soupir ou une seule action se perpétuent de génération en génération.
Pour que vous soyez prêt à dénoncer avec le courage de vos convictions dans le calme la prochaine fois que vous êtes témoin de racisme, je me suis entretenu avec Professeur émérite Timothy J. Stanley, PhD., spécialisé en éducation antiraciste à l’université d’Ottawa.
Selon Professeur Stanley, la solution est de créer des inclusions en lieu d’exclusions. « Le racisme c’est l’exclusion de certaines personnes. À long terme c’est à nos familles, nos équipes de travail et à nos communautés de créer ces inclusions. Comme nous l’avons fait entre autres avec le mouvement #MeToo, il faut aussi prendre les victimes au sérieux. » Il ajoute aussi que les agents de police, les enseignants et tous les autres en autorité soient éduqués pour intervenir, dénoncer un pair et stopper la discrimination en action.
QUAND C’EST UN PROCHE QUI FAIT UNE « JOKE » RACISTE
L’important est de ne pas laisser passer. Interrompez ou choisissez un moment opportun.
Affirmez votre inconfort « Je ne suis pas confortable avec ce que je t’ai entendu dire. J’ai un malaise. »
Si l’autre banalise « C’est juste une joke. » poursuivez avec « Je sais que tu es une bonne personne. Mais si une personne de ce groupe était présente, je ne crois pas que tu l’aurais raconté celle-là. »
Éduquez. « Ces mots excluent certaines personnes. Le résultat est un traitement inégal. Ces effets sont racistes. Ils sont inappropriés au sein de notre famille. »
Selon votre relation avec la personne un simple « Bein voyons donc! Qu’est-ce que tu viens de dire là? » peut suffire pour sensibiliser l’autre à la gravité de son propos.
QUAND C’EST UN COLLÈGUE QUI ÉMET UNE OPINION RACISTE
Évaluez les conséquences. Pourrait-il y avoir des réprimandes? Demandez-vous si c’est le bon moment. Serez-vous bousculé par le temps? Risquez-vous d’escalader l’incident? Pensez aux partenaires qui pourraient vous appuyer dans la dénonciation du racisme, comme le service des ressources humaines, votre supérieur, l’ombudsman ou la ligne téléphonique de l’aide aux employés.
Si vous êtes en bon terme avec ce collègue, vous pourriez dire « Je suis surprise de t’entendre dire ça. » Cette allégation fera réfléchir l’autre en lui donnant la chance de se corriger ou de s’excuser.
Si vous pourriez ne pas être perçu positivement, comme un ami, confiez la tâche à vos partenaires mentionnés ci-haut.
Au sein d’une conversation de groupe, « Je ne me sens pas confortable avec ces remarques. » Professeur Stanley conseille d’ensuite observer et laisser place aux réactions des autres. Puis si personne ne vous supporte, expliquez le pourquoi de votre malaise calmement.
QUAND VOUS ÊTES TÉMOIN DE DISCRIMINATION EN PUBLIC
Si l’agresseur est une personne qui n’est pas en autorité, Professeur Stanley recommande de focaliser vos efforts non pas sur l’agresseur, mais plutôt sur la victime. Pour minimiser les risques d’escalader l’incident, ne regardez pas, n’intervenez pas avec l’agresseur. Rangez-vous plutôt du côté de la victime.
Regardez la victime. Souriez. Engagez-la en conversation amicale pour montrer votre soutien: la météo, un compliment ou une remarque sur le livre que vous lisez. Même si banale cette conversation annonce votre solidarité. La victime n’est plus seule et exclue. Vous vous incluez à elle. Vous êtes maintenant deux. Accompagnez-la jusqu’en terrain neutre ou jusqu’à ce qu’elle vous dise que ça va.
Si vous êtes témoin d’une scène avec une personne en autorité, pour éviter que cela dérape, la recommandation est d’enregistrer la scène et de rapporter les faits.
Pour éviter d’être un spectateur surpris, stupéfait devant les faits, pratiquez les scénarios ci-haut avec votre cercle d’amis.
Si vous êtes enseignant, préparez des jeux de rôles pour faire pratiquer vos élèves.
Si vous êtes gestionnaire, intégrez ce sujet au sein d’une de vos rencontres virtuelles. Cette vidéo https://youtu.be/wKeITMzMn7w peut servir de brise-glace pour favoriser la conversation en avant-première de la présentation de votre politique et des procédures organisationnelles pour dénoncer la discrimination.
Puisque je suis privilégiée, à couleur de peau blanche, je me suis tournée vers une amie, une consoeur à la peau noire, pour vous préparer à dénoncer. Madame Sabine Daniel, animatrice et productrice, vous demande d’avoir une perspective empathique. Imaginez que vous êtes perçu comme une menace juste à cause de la couleur de votre peau, surtout si vous êtes un homme. Imaginez que votre père, votre frère, votre mari, votre cousin, votre ami ne soit pas vu pour tout ce qu’il est et pourquoi vous l’aimez.
Dénoncez. Vous savez maintenant comment.
Vous vivez une situation délicate? Ce blogue est à votre service. Écrivez-moi julie@julieblaiscomeau.com. Votre situation pourrait éclairer d’autres lecteurs.
Publié veroniquecloutier.com 5 juin, 2020 (c) Julie Blais Comeau